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22/06/2023

Parole de Designer avec Erwan Boulloud


Nous sommes partis à la rencontre d’Erwan Boulloud, designer et sculpteur français renommé avec qui nous avons réalisé une première collaboration, “Yareta”. Pour cette dernière, nos ateliers ont réalisé sous la direction artistique du designer deux assises sculpturales. Singulières, elles se démarquent par des éléments décoratifs en marqueterie de laiton. Ce projet très ambitieux a demandé à nos tapissiers un fin mélange de technicité et de savoir-faire pour réaliser les jonctions entre les différents éléments et la sculpture des mousses afin d’obtenir les formes attendues.

Pouvons-nous commencer par un bref retour en arrière, en revenant sur votre parcours ?

“Après avoir été diplômé de l’école Boule, j’ai travaillé quelques années dans des musées comme le Louvre ou à la Grande Galerie de l'Évolution où je faisais du soclage pour les œuvres d’art dans les vitrines. C’était un apprentissage très enrichissant car j’étais confronté à une multitude de collections et de culture. Je me suis ensuite lancé assez rapidement dans la réalisation de petites créations en parallèle de mon métier de serrurier. J’ai toujours fait de la création dans mon atelier et petit à petit en participant à des salons et des expositions, la partie créative à fini par prendre plus de place. Depuis maintenant une quinzaine d'années, la création est devenue mon activité prédominante. Aujourd’hui, je travaille pour des galeries, des maisons de luxe ou en direct”.

Quel est votre rapport avec les maisons d'artisanats d’art ?

“C’est quelque chose d’assez nouveau pour moi, jusqu'à aujourd'hui, j'avais pour habitude de fabriquer mes pièces dans mon atelier avec mes dix artisans. On faisait assez peu appel aux maisons d’artisanat d’art excepté les fondeurs avec qui nous avons noué une relation depuis maintenant quelques années. Je dirais que j’ai commencé à collaborer avec des maisons artisanales dans un second temps, c’est-à-dire après la mise en place de mes premières collections afin d’aller chercher un savoir-faire impossible à réaliser en interne. Cela nous permet également d’ouvrir plus de possibilités à la création, typiquement pour la tapisserie par exemple, c’est un savoir-faire distinct que je n’avais pas encore exploré. C’est donc assez particulier car le fait de concevoir pour moi est un réflexe de penser et donc travailler avec un atelier comme le votre m’oblige à comprendre également votre processus de réalisation. C’est un exercice très intéressant et qui m’ouvre beaucoup de perspectives sur de futures créations. “

Quelles ont été vos inspirations pour réaliser ce nouveau projet ?

“Il y a plusieurs choses, comme l’idée de croissance et d’envahissement autour d’une pièce fixe. En effet, la “Yareta” est une mousse végétale qui pousse dans les altiplanos d'Amérique du sud avec une croissance très lente. Cette plante a la particularité d'envahir progressivement des rochers parfois pendant plusieurs milliers d’années. C’est pour ça que j’ai voulu symboliser la plaque et le cube marqueté avec la tapisserie. Cela donne une idée de temporalité, un rapport entre deux matières en symbiose qui donne un certain caractère aux courbes. Je sais aussi que lors de notre premier échange, vous aviez évoqué le terme de nuage. Même si ce n’était pas mon inspiration première, je trouve que cela fonctionne également car on pourrait imager un nuage qui s’entoure autour d’une montagne.”

Comment décririez-vous cette première collaboration avec nos ateliers ?

“Combien d’étoiles je mets ? (rire), non plus sérieusement, déjà je trouve que pour une première expérience nous sommes arrivés à un bon résultat. Personnellement je suis un éternel insatisfait, c’est d’ailleurs ce qui me donne envie de toujours me réinventer. J’ai appris plein de choses, cette expérience-là m'a donné matière à penser pour la suite. Rien que dans la nature de l’objet d’assise un peu sculptural, je pense qu’il y a une multitude de possibilités. D’une manière plus terre à terre j’ai appris à comprendre votre manière de travailler et je dirais que le suivi à été très bon de la part d’Alice et Pascaline (Managers Projets). L’accompagnement dans l’ensemble du processus de réalisation était très fluide, nous nous sommes instantanément compris et ça, c’est très agréable.”

Quelle approche avez-vous entretenue avec notre Studio Design dans la phase de développement technique et esthétique du projet ?

“Ce qui est quand même très appréciable, c’est de pouvoir parler du concept et d’idées subjectives mais d’être compris avant de commencer à évoquer des éléments tels que la carcasse, la mousse ou le tissu. La partie sculpturale et conceptuelle à tout de suite été intégrée dans leur façon de penser et à partir de là, cela devient très facile. Notre entente à très bien fonctionné avec Augustin (designer) et Mathis (tapissier) car nous étions sur la même longueur d'onde et je n’ai pas eu besoin de forcer pour défendre mes idées. “

Pourriez-vous nous parler des matériaux et de la palette de couleurs ?

“Au début, quand j’ai dessiné la collection, j’ai imaginé la plaque et le cube de plusieurs manières. J’ai pensé à une pierre, un marbre, une tôle brute voire même à un élément rouillé. Entre la sculpture et le meuble, j’ai dû faire des concessions et c’est pareil dans le choix du tissu. Dans le choix du métal, la marqueterie de laiton patinée sur une structure en bois m’a semblé être le matériau le plus cohérent car il apporte de l’ergonomie sans trahir le concept. Cela me permettait d’apporter un élément précieux, une certaine délicatesse dans l’élément. Néanmoins, si j’avais choisi une tôle rouillée, cela aurait très bien marché conceptuellement parlant mais cela aurait été trop fragile.
Pour les couleurs, nous sommes dans des nuances de blancs et avec un peu de gris. La palette me permet de donner du volume aux ouvrages. Le blanc est une couleur peu engagée, pour une première expérience avec des choix très forts, j’ai choisi de tempérer avec des couleurs concensuelles.”

Envisagez-vous de nouvelles collaborations avec nos ateliers ?

“Oui, les idées sont là, l’envie est là mais il y a le financement. Dans mon idée, le projet Yareta est déjà derrière moi et il devrait me permettre d’en amener d’autres. J’ai l’impression d’avoir appris beaucoup de choses et cela m’a donné des ébauches pour continuer à développer dans ce sens là. Maintenant il faut que j’y arrive. Des idées pour de nouvelles pièces sont déjà dessinées. Si cela ne tenait qu’à moi, nous avons déjà 2 canapés et 3 fauteuils en production. Maintenant cela à un coût, il faut que je le finance et que je vende déjà cette collection. Ce filtre va compter, imaginons que je ne le vende pas, ça ne serait pas grave, j’en ferai peut-être un autre mais cela prendra du temps pour l’autofinancer. En revanche, si cela fonctionne commercialement, les choses peuvent aller très vite par la suite.”

L’intégralité de nos équipes remercie chaleureusement Erwan Boulloud pour sa confiance et pour s’être prêté au jeu de l’interview pour notre nouvelle série "Parole de Designer"

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